HENRI II (roi de France)

HENRI II (roi de France)
HENRI II (roi de France)

HENRI II (1519-1559) roi de France (1547-1559)

Fils de François Ier, Henri II hérite, à la mort de son père en 1547, du plus puissant et du plus riche royaume européen, dont la cohésion contraste avec l’hétérogénéité de l’Empire des Habsbourg et la multiplicité de petits États; mais il doit faire face à la coalition antifrançaise d’une partie de l’Europe occidentale. Le nouveau roi ne jouit pas, auprès des historiens, du prestige de son père. Grand amateur de l’Amadis des Gaules , épris de tournois et d’exercices violents, il apparaît, sur le portrait qu’en a fait Clouet, comme un être secret et un peu inquiétant. Sur le plan personnel et politique, il doit faire face à la fois à son épouse Catherine de Médicis, qui l’aime passionnément, et à sa maîtresse on ne peut plus officielle, l’éternellement jeune Diane de Poitiers. Du mariage avec Catherine sont nés dix enfants, dont deux mort-nés et un garçon mort prématurément. Les autres garderont de l’héritage syphilitique de François Ier et de Laurent le Magnifique une fragilité congénitale qui sera fatale à la survie de la dynastie. Ce sont: l’aîné, le futur époux de Marie Stuart, François II (né en 1544); Élisabeth, l’épouse de Philippe II (née en 1545); Claude, duchesse de Lorraine (née en 1547); Charles IX (né en 1549); Alexandre, le préféré de sa mère, futur Henri III (né en 1551); Marguerite, la reine Margot, épouse de Henri IV (née en 1553); Hercule-François, duc d’Alençon (né en 1555).

Par-delà les séductions et les vices d’une cour largement italianisée et infiniment raffinée, le règne de Henri II est marqué par la poursuite de la lutte entre le roi de France et le dernier champion de la chrétienté, Charles Quint. Après l’équilibre des forces instauré par la paix de Cambrai, le moment paraît favorable au premier. Le passage des trois quarts des pays allemands au protestantisme et les difficultés financières des Pays-Bas, porteurs jusque vers 1540 de l’essentiel de l’effort de guerre de Charles Quint, donnent enfin à la puissance française l’espoir de l’emporter. La campagne de 1552, menée avec une armée de quelque trente-cinq mille hommes (on est loin, déjà, des armées de dix mille soldats du début des guerres d’Italie) et soigneusement préparée sur le plan diplomatique, permet au protégé du clan de Diane, François de Guise, de s’emparer du gage des Trois-Évêchés (Toul, Metz et Verdun). L’immense effort de la contre-attaque de Charles Quint échoue piteusement dans l’enlisement humide du siège manqué de Metz. C’est l’apogée du règne. Mais, depuis 1540, la découverte de mines d’argent sur les hauts plateaux secs du nord du Mexique d’abord, puis du Potosí donne progressivement à Charles Quint le moyen de faire face. Voulue par Catherine et conduite par son cousin Strozzi, l’expédition française en Italie, destinée aussi à faire contrepoids aux succès des Guise, échoue à la bataille de Marciano. Concentrant tous ses moyens, Philippe II mobilise en 1557 une formidable armée de cinquante mille hommes, multitude encore jamais rassemblée. La victoire de Saint-Quentin est écrasante. L’armée espagnole déferle jusqu’à Noyon, s’empare de Saint-Quentin, de Hamm, du Câtelet, etc., mais elle ne peut remporter une victoire décisive. Guise en profite pour prendre Calais en 1558, d’où le traité de Cateau-Cambrésis (3 avr. 1559). Les historiens français l’ont, longtemps, célébré comme la victoire française sur l’encerclement espagnol, l’abandon, enfin, des rêves italiens, navarrais, l’arrondissement du «pré carré» vers le nord-est. C’est, en réalité, le succès d’une Espagne exploitatrice des nouvelles Indes qui fonde, pour au moins un siècle, son hégémonie sur l’Europe. Le traité signifie la permanence de l’hétérogène coalition des petits pays réunis par la politique matrimoniale dont Charles Quint est issu. Par là, le traité rend à jamais inconcevable la possibilité, un moment évidente, d’une Europe française de la Renaissance, peut-être encore possible un court moment entre 1550 et 1555. L’argent américain, soutenant le génie de Charles Quint, n’est pas seul en cause. La France surpuissante est aussi déchirée. À la Cour sévit la lutte des clans, Montmorency contre Guise. Dans les esprits règne la confusion: la France balance entre le catholicisme et le protestantisme. Les enfants royaux sont élevés dans une atmosphère indécise, semi-protestante. Les nécessités militaires ont multiplié les impôts et les emprunts onéreux; le peuple est mécontent. Vers 1555-1560, le roi le sent. Il a, semble-t-il, choisi un catholicisme combatif. Cateau-Cambrésis est aussi un acte de politique intérieure: Henri II veut avoir les mains libres.

Mais le roi n’aura pas le temps de concrétiser une autre politique. Il meurt des suites d’un coup de lance donné par Montgomery. Lorsque Marie Stuart apparaît aux fêtes du sacre de son époux François II avec les bijoux arrachés à Diane, c’est le signe que, pour longtemps, le véritable souverain est Catherine de Médicis.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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